
Une enquête de la Fondation de France, publiée cette semaine, révèle que la qualité et la fréquence des liens sociaux des Français ont été grandement affectés par la pandémie, plongeant une personne sur quatre dans la solitude. Une conséquence du Covid-19 dont souffrent particulièrement les jeunes.
Le baromètre des Solitudes 2021 réalisé par le Crédoc pour la Fondation de France, publié le 7 décembre, révèle une hausse considérable de l’isolement en France, une des conséquences directes de la distanciation sociale mise en place depuis 20 mois pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.
Ainsi, en France une personne sur quatre est isolée. Interrogée par franceinfo, Axelle Davezac, directrice de la Fondation de France, rapporte qu’il s’agit d’une augmentation de 10 points en un an, « ce qui est tout a fait colossal », analyse-t-elle.
« Ça veut dire qu’il n’y a plus aucun des cinq réseaux de sociabilité, que ce soit la famille, les amis, le voisinage, le réseau professionnel ou le réseau associatif. Il n’y a plus aucun contact ni aucun réseau dans lequel on peut très simplement parler et échanger avec d’autres. »
Elle estime que « la crise sanitaire a joué vraiment un effet déclencheur de l’isolement relationnel ».
Un chiffre plus inquiétant encore, révélé par l’enquête, concerne la jeunesse particulièrement touchée par ce sentiment d’isolement.
Ainsi, si ils sont moins susceptibles de déclarer une forme grave de Covid-19, les confinements à répétition, la fermeture des établissements scolaires, le télétravail ou encore la fermeture des lieux de socialisation, affectent directement leurs liens sociaux.
Et bien qu’ils aient davantage accès aux outils numériques pour rester en contact avec leur famille et leurs amis, 33% des 15-30 ans déclarent souffrir de solitude, contre 14% chez les 60 ans et plus. L’enquête révèle également que 21 % des 15-30 ans sont en situation d’isolement, ce qui est une augmentation de 9 points en un an et seuls 46 % d’entre eux ont maintenu des contacts réguliers avec leurs proches.
Les jeunes sont aussi plus nombreux (54%) que le reste de la population (35%) à ressentir un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité.
« C’est malheureusement l’une des difficultés encore plus tristes. L’isolement touchait plutôt les personnes âgées et les personnes en situation de fragilité mais moins les jeunes dans notre pays » indique Axelle Davezac. Elle souligne que les jeunes ont « tout un tas de réseaux de sociabilité qui ont été brutalement coupés pendant le confinement » ce qui, couplé à des difficultés financières, a contribué selon elle, « à les isoler encore plus ».
« Ça a créé chez eux une bascule extrêmement forte, une perte de confiance et des dégâts psychologiques assez considérables », poursuit la directrice de la Fondation de France.
Un article publié, à la suite d’une enquête en janvier 2021 sur le site vie publique du gouvernement, s’inquiétait déjà des incidences de la pandémie sur les jeunes. Il révélait qu’ils sont particulièrement affectés notamment en ce qui concerne leur santé psychologique, leurs liens affectifs, l’accès à l’apprentissage ainsi que leur niveau de vie.
Camille Westphal Perrier